sábado, 13 de febrero de 2016

L'œuvre de Jean Racine et le jansénisme

L'œuvre de Jean Racine et le jansénisme


Le jansénisme se fonde sur la pensée du théologien néerlandais Cornelius Jansen, dit Jansénius (1585-1638), dont l’œuvre principale, L’Augustinus, reprend la position de saint Augustin sur la grâce et la prédestination. 
L’homme, depuis le péché originel, est irrémédiablement corrompu, livré à l’amour de soi, s’adorant au lieu d’adorer Dieu. Seule la grâce divine peut sauver quelques élus, indépendamment du mérite ou des efforts humains. Personne, jamais, ne peut être assuré de son salut. L’homme est donc soumis à la prédestination.
Des échos jansénistes traversent le théâtre de Racine. Dominés par d’insatiables passions, nombre de ses héros illustrent l’emprise des trois concupiscences condamnées par saint Augustin. À la libido sentiendi, recherche de satisfactions sensuelles, correspond la fureur amoureuse de Phèdre ou de Roxane. Néron (Britannicus), Agamemnon (Iphigénie), Athalie, Mathan (Athalie) incarnent la libido dominandi, amour du pouvoir, empire de l’ambition, de l’orgueil. 
La libido sciendi est un vain appétit de connaissances, une curiosité éperdue: «Ah ! Que vous enflammez mon désir curieux!» s’exclame Assuérus (Esther) et Roxane, qui a entendu parler de Bajazet, éprouve le désir irrésistible de le voir. Les passions des héros condamnés à l’insatisfaction s’exaspèrent car Dieu seul pourrait véritablement combler leurs attentes. Le Dieu racinien est un dieu caché, incompréhensible, dont l’homme espère inutilement un signe.
L’importance accrue de la fatalité dans Phèdre a pu donner lieu à une lecture janséniste de la pièce. Athalie, ultime tragédie de Racine, montre la quête vaine d’une manifestation divine et la nécessité d’obéir aveuglement aux desseins de la Providence. Mais, bien qu’il soit imprégné de la pensée augustinienne, Racine ne peut être considéré comme un auteur janséniste. Port-Royal condamne toute forme de théâtre et, par le fait même d’écrire des tragédies, Racine se détourne de ses anciens maîtres. 
De plus, son pessimisme n’est pas aussi radical que celui des jansénistes pour qui l’humanité entière est déchue; certains des héros de Racine demeurent purs et vertueux. Le retour de Racine au jansénisme est favorisé par son abandon du théâtre, et son vif attachement à Port-Royal se lit dans une œuvre écrite en secret, demeurée inachevée. 
L’Abrégé de l’histoire de Port-Royal, chronique apologétique du couvent, ne sera publié qu’au XVIIIe siècle, bien après la mort de Racine, celle de Louis XIV, et la destruction de l’abbaye.

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