Athalie
de Racine
Athalie est une tragédie en
cinq actes de Jean Racine. Elle a été créée en 1690, et présentée au roi en
février 1691. Après le succès d'Esther, donnée deux ans auparavant, Athalie est
une pièce dite « de collège », qui est commandée par le roi pour être jouée par
les jeunes pensionnaires de Saint-Cyr, l'institution dirigée par Madame de
Maintenon. Devant de hautes personnalités de la cour. Athalie veuve du roi de
Juda, gouverne le pays. Après avoir fait massacrer ses petits-enfants, elle
s'empare du trône et instaure le culte de Baal.
Œuvre de commande destinée
aux chastes pensionnaires de Saint-Cyr, Athalie (1690) marque la fin
de la carrière théâtrale de Racine. Inspirée des grands textes de l’Ancien
Testament, notamment le Livre des Rois, cette pièce puise également dans
un vaste ensemble de sources grecques dont Ion d’Euripide. Tragédie
du « schisme » (Roland Barthes), Athalie réforme dans le
sens de la foi un matériau antique disparate offert aux variations sur la mort,
le pouvoir, la filiation, l’origine obscure et l’élection. Plus précisément, la
tragédie fait grand usage du mysterium tremendum que suggère le Dieu
de l’Ancien Testament : « terreur », « horreur »,
« tremblement », mais aussi « ravissement » et
« éblouissement » sont autant de termes qui se rapportent à une
fascination pour ce que nous nommerions aujourd’hui le sacré. En peignant non
sans ambiguïtés la lutte qui oppose Dieu et les dieux, Athalie présente
un rapport différentiel avec le tragique.
Résumé : Athalie de
Jean Racine (1690)
Le grand
prêtre Joad a recueilli secrètement dans le temple de Jérusalem le seul des
enfants d’Achazia qui ait échappé au massacre dans lequel Athalie a enveloppé
toute sa famille. Le moment est venu de le faire monter sur le trône usurpé par
son aïeule. Joad a eu soin de s’assurer du concours d’Abner, guerrier resté
fidèle à la loi du Seigneur, mais qui se laisse effrayer par les menaces
qu’Athalie a proférées contre le temple. Une fois assuré de l’appui d’Abner qui
commande l’armée d’Athalie, Joad n’hésite plus à annoncer à son épouse Josabeth
sa résolution de couronner ce jour même le jeune roi dans
le temple et de le faire reconnaître par les lévites ; mais ce
n’est pas sans peine qu’il parvient à calmer les craintes que conçoit son
épouse pour la vie de Joas. En ce moment, Athalie, poussée par un esprit de
vertige, s’est introduite dans le lieu saint où elle aperçoit un
enfant qui la remplit de terreur car cet enfant est le même qui lui est apparu
dans un songe, armé contre elle d’un fer homicide. Elle veut le connaître, le
voir, l’interroger. Le grand prêtre y consent. La sublime simplicité des
réponses du jeune Joas confond et désarme les projets de vengeance d’Athalie
mais Mathan, prêtre apostat et son ministre, réveille ses terreurs. Elle
redemande l’enfant ainsi qu’un trésor qu’on tient caché dans le temple. Sur la
promesse qu’on lui livrera l’un et l’autre, la reine se retire. C’est alors que
Joad fait connaître pour la première fois à l’enfant royal le mystère de sa
naissance et qu’il le proclame, en présence des lévites, comme le légitime
successeur d’Achazia. Joas est couronné roi ; des armes sont distribuées
aux lévites, et lorsqu’Athalie arrive de nouveau, accompagnée de quelques
soldats, pour demander ce qu’on lui a promis, les portes se referment derrière
elle, un rideau s’ouvre et Joas apparaît couronné du diadème et assis sur un
trône entouré des lévites armés. Athalie se voit trahie ; on l’entraine
hors du temple pour la mettre à mort.
Cette tragédie est la plus
parfaite qui ait été écrite. Les caractères sont dessinés en quelques traits
frappants de ressemblance et de vérité. Abner est le type de ces hommes braves
qui, quoique dévoués à un principe, mettent leur épée au service du plus fort.
Joad est l’homme du courage et de la confiance. Athalie nous fait horreur après
nous avoir inspiré la pitié. Mathan est le portrait de l’ambitieux que la
faveur enivre. Les chœurs sont, comme dans Esther, conformes à la réalité.
Dans le théâtre ancien, le chœur représentait la foule moralisant sur les
événements. Ici, les jeunes Israélites qui le composent participent à
l’action. Elles souffrent, elles tremblent, elles espèrent, leurs chants
expriment la douleur et l’enthousiasme. Le style de cette tragédie est toujours
en harmonie avec la situation et le caractère des personnages. Il est
majestueux et souvent sublime dans le rôle de Joad. Il met dans ceux de Joas et
de Josabeth une naïveté inimitable. Plein de richesse et de variété, il s’élève
dans les chœurs à la poésie lyrique la plus ravissante.
Bibliographie :
[Daniel Bonnefon. Les écrivains
célèbres de la France, ou Histoire de la littérature française depuis l'origine
de la langue jusqu'au XIXe siècle (7e éd.), 1895, Paris, Librairie
Fischbacher.]
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