lunes, 22 de febrero de 2016

Iphigénie

Iphigénie, tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine, fut créée en août 1674 à Versailles, puis en décembre de la même année à Paris,  à l'Hôtel de Bourgogne. La pièce obtint un immense succès.


Intérêt de l’action:

Avec ‘’Iphigénie’’, Racine revint aux sujets grecs 
et mythologiques qu'il avait délaissés depuis ‘’Andromaque’’ pour des tragédies historiques romaines (‘’Britannicus’’ et ‘’Bérénice’’) ou orientales (‘’Bajazet’’ et ‘’Mithridate’’). Il reprit l’un des épisodes les plus pathétiques et les mieux connus de la vie de la famille maudite des Atrides : celui du sacrifice d’Iphigénie par son propre père, Agamemnon. 

Intérêt littéraire:

La dimension spectaculaire de l'action dans ‘’Iphigénie’’ est soutenue par la pompe du style, Racine ayant, comme la composition, particulièrement soigné l'écriture de cette tragédie en cinq actes et en vers qui offre la particularité d'être, avec 1 796 vers (1794 alexandrins et 2 octosyllabes), la plus longue de ses tragédies «païennes». Le style est en effet généralement plus soutenu que d’habitude, la parole est moins spontanée ou moins passionnelle.


Intérêt psychologique:

Chose exceptionnelle, il y a, dans ’’Iphigénie’’, dix personnages parlants contre sept ou huit dans les autres pièces. On remarque que, parmi eux, figurent trois héros plus célèbres que tous ceux des pièces précédentes : Agamemnon,  Achille, Ulysse ; que trois d’entre eux, Ulysse, Clytemnestre et Agamemnon, restent étrangers à la sphère du sacré ; qu’ils fonctionnent par couples: d’un côté, le couple Agamemnon / Iphigénie, qui incarne le respect des dieux et de l’ordre ancien ; de l’autre, Clytemnestre et Achille qui défient l’ordre monarchique et divin, tandis qu’à l’écart se tient Ériphile, qui se dessine comme  le double noir de la vertueuse Iphigénie, leur antinomie morale les mettant en conflit aigu. Examinons les protagonistes dans l’ordre de leur importance


Racine : résumé de Iphigénie (1674)
La flotte recque, rassemblée à Aulis sous le commandement d’Agamemnon, est retenue dans le port depuis trois mois par un calme plat. L’oracle, consulté, a répondu que les dieux ne permettront aux Grecs de quitter le port que lorsque Iphigénie, du sang d’Hélène et fille d’Agamemnon, aura été immolée sur l’autel de Diane. 

Le chef des Grecs se soumet à cet ordre cruel et fait venir sa fille d’Argos sous prétexte de l’unir, avant le départ de la flotte, à Achille, son fiancé. Mais la tendresse paternelle, un moment vaincue par l’ambition, a bientôt repris son empire. Saisi de remords, il envoie son serviteur fidèle, Arcas, avec ordre de faire rebrousser chemin à sa fille, sous prétexte qu’Achille a changé de pensée et que le mariage projeté ne peut s’accomplir. 


Mais le messager n’est pas parvenu à Iphigénie qui arrive, inattendue, au camp des Grecs, accompagnée de sa mère Clytemnestre et d’Ériphile, jeune esclave lesbienne enlevée par Achille. Agamemnon voit dans ce contretemps l’effet du destin ; il se résigne et fait tout préparer pour le sacrifice. Mais Arcas, de retour, révèle a la reine le terrible secret dont il a reçu la confidence. Que l’on juge de l’indignation de Clytemnestre et de la colère d’Achille. Celui-ci s’emporte contre Agamemnon, jure de sauver sa fiancée et de venger dans le sang de ce père dénaturé l’odieux dessein qu’il a formé. Iphigénie seule se résigne à mourir puisque les dieux l’exigent et que la gloire promise à son père est à ce prix. 


Agamemnon, vaincu par les instances de son épouse et la touchante résignation de sa fille, se décide à faire une nouvelle tentative pour éloigner secrètement Iphigénie du camp. Mais Ériphile, qui aime aussi Achille, dans un transport de jalousie avertit le prêtre Calchas de ce qui  se trame ; les Grecs se soulèvent et s’opposent à la fuite d’Iphigénie.


Achille et Clytemnestre jurent de la défendre contre toute l’armée, mais elle est, malgré eux, entraînée à l’autel. Calchas va la frapper du coup mortel, lorsque, tout à coup, il s’arrête ; une révélation nouvelle de la déesse lui apprend qu’il a mal compris l’oracle, que le sang que les dieux demandent, c’est celui d’une autre Iphigénie, issue du même sang que la fille d’Agamemnon, savoir Ériphile qui est venue assister à la mort de sa rivale. Celle-ci, furieuse, n’attend pas que Calchas porte la main sur elle ; elle saisit le couteau sacré et se perce le sein. Aussitôt le vent se lève, les voiles des vaisseaux s’agitent et annoncent que la déesse est satisfaite.



Racine s’est inspiré d’Euripide et l’a quelquefois suivi de très près, mais en donnant plus de noblesse aux traits généraux, plus de développement aux caractères. Les scènes entre Agamemnon et Clytemnestre, entre Agamemnon et Achille, sont d’une énergie et d’un éclat incomparables. Quoi de plus touchant que la tendresse d’Iphigénie et sa résignation à la mort cruelle qui l’attend !




Bibliographie:

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