La
tragédie française emprunte largement ses sujets à l'histoire, et plus
précisément à l'histoire romaine, qui offre une abondante matière à la
réflexion politique, conformément à la conception aristocratique du genre élaborée
à la Renaissance. À tel point que les questions de politique royale s'insinuent
jusque dans les sujets empruntés aux tragiques grecs, et pas seulement autour
du cycle légendaire de Troie, d'origine épique, ou de la geste royale des
Labdacides à Thèbes : Racine introduit dans le mythe de Phèdre, qui met en
jeu des relations essentiellement intra-personnelles, une rivalité successorale
complexe qui sert de déclencheur à la tragédie. Le fait nous avertit qu'en
retour une matière historique proprement politique peut être investie par
l'imaginaire mythique, en particulier chez un poète tel que Racine, que l'on
sait par ailleurs réceptif aux prestiges de la fable antique. C'est ce qui se
vérifie sur les tragédies de politique romaine, tirées des historiens latins
Tacite et Suétone, que sont Britannicus et Bérénice, que leur sujet, original
ou repensé de façon personnelle, préserve d'un parasitage par la tradition du
genre.
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